Charles Baudelaire

Charles Baudelaire was a French poet, critic and translator.

Sourced



  • Nous avons psychologisé comme les fous, qui augmentent leur folie en s’efforçant de la comprendre.


  • Hélas! tout est abîme, — action, désir, rêve,
    Parole!

  • Delacroix était passionnément amoureux de la passion, et froidement déterminé à chercher les moyens d'exprimer la passion de la manière la plus visible. Dans ce double caractère, nous trouvons, disons-le en passant, les deux signes qui marquent les plus solides génies, génies extrêmes.
    • Delacroix was passionately in love with passion, and coldly determined to seek the means of expressing passion in the most visible manner. In this dual character, be it said in passing, we find the two distinguishing marks of the most substantial geniuses, extreme geniuses.

Les fleurs du mal (Flowers of Evil) (1857)



  • Le Poète est semblable au prince des nuées
    Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
    Exilé sur le sol au milieu des huées,
    Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
    • The Poet is a kinsman in the clouds
      Who scoffs at archers, loves a stormy day;
      But on the ground, among the hooting crowds,
      He cannot walk, his wings are in the way.


  • La Nature est un temple où de vivants piliers
    Laissent parfois sortir de confuses paroles;
    L’homme y passe à travers des forêts de symboles
    Qui l’observent avec des regards familiers.
    • Nature is a temple where living columns
      Let slip from time to time uncertain words;
      Man finds his way through forests of symbols
      Which regard him with familiar gazes.




  • Je suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierre,
    Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour,
    Est fait pour inspirer au poète un amour
    Eternel et muet ainsi que la matière.

    Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris;
    J’unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes;
    Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
    Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

    • I am lovely, O mortals, like a dream of stone;
      And my breast, where everyone is bruised in his turn,
      Has been made to awaken in poets a love
      That is eternal and as silent as matter.

      I am throned in blue sky like a sphinx unbeknown;
      My heart of snow is wed to the whiteness of swans;
      I detest any movement displacing still lines,
      And never do I weep and never laugh.




  • Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres;
    Adieu, vive clarté de nos étés trop courts!




  • Fourmillante cité, cité pleine de rêves,
    Où le spectre en plein jour raccroche le passant!


  • C'était l'heure où l'essaim des rêves malfaisants
    Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents.


  • Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles:
    "Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
    Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles."
    • One night, the soul of wine was singing in the flask:
      "O man, dear disinherited! to you I sing
      This song full of light and of brotherhood
      From my prison of glass with its scarlet wax seals."


  • "En toi je tomberai, végétale ambroisie,
    Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,
    Pour que de notre amour naisse la poésie
    Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur!"
    • "Vegetal ambrosia, precious grain scattered
      By the eternal Sower, I shall descend in you
      So that from our love there will be born poetry,
      Which will spring up toward God like a rare flower!"
      • "L'Âme du Vin" [The Soul of Wine]

  • Ô toi, le plus savant et le plus beau des Anges,
    Dieu trahi par le sort et privé de louanges,

    Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

    Ô Prince de l'exil, à qui l'on a fait tort
    Et qui, vaincu, toujours te redresses plus fort,

    Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

    Toi qui sais tout, grand roi des choses souterraines,
    Guérisseur familier des angoisses humaines,

    Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

    Toi qui, même aux lépreux, aux parias maudits,
    Enseignes par l'amour le goût du Paradis,

    Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

    • O wise among all Angels ordinate,
      God foiled of glory, god betrayed by fate,
      Satan, O pity my long wretchedness!
      O Prince of Exile doomed to heinous wrong,
      Who, vanquished, riseth ever stark and strong,
      Satan, O pity my long wretchedness!
      Thou knowest all, proud king of occult things,
      Familiar healer of man's sufferings,
      Satan, O pity my long wretchedness!
      Thy love wakes thirst for Heaven in one and all:
      Leper, pimp, outcast, fool and criminal,
      Satan, O pity my long wretchedness!

  • Gloire et louange à toi, Satan, dans les hauteurs
    Du Ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs
    de l’Enfer, où, vaincu, tu rêves en silence!
    Fais que mon âme un jour, sous l’Arbre de Science,
    Près de toi se repose, a l’heure où sur ton front
    Comme un Temple nouveau ses rameaux s’épandront!
    • Satan be praised! Glory to you on High
      where once you reigned in Heaven, and in the
      Pit where now you dream in taciturn defeat!
      Grant that my soul, one day, beneath the Tree
      of Knowledge, meet you when above your brow
      its branches, like a second Temple, spread!
      • "Les Litanies de Satan" [Litanies of Satan]


  • Quelle est cette île triste et noire? — C'est Cythère,
    Nous dit-on, un pays fameux dans les chansons
    Eldorado banal de tous les vieux garçons.
    Regardez, après tout, c'est une pauvre terre.


Salon de 1859 (1859)

  • C'est l'imagination qui a enseigné à l'homme le sens moral de la couleur, du contour, du son et du parfum. Elle a créé, au commencement du monde, l'analogie et la métaphore. Elle décompose toute la création, et, avec les matériaux amassés et disposés suivant des règles dont on ne peut trouver l'origine que dans le plus profond de l'âme, elle crée un monde nouveau, elle produit la sensation du neuf. Comme elle a créé le monde (on peut bien dire cela, je crois, même dans un sens religieux), il est juste qu'elle le gouverne.
    • It is imagination that has taught man the moral sense of color, of contour, of sound and of scent. It created, in the beginning of the world, analogy and metaphor. It disassembles creation, and with materials gathered and arranged by rules whose origin is only to be found in the very depths of the soul, it creates a new world, it produces the sensation of the new. As it has created the world (this can be said, I believe, even in the religious sense), it is just that it should govern it.

  • L'imagination est la reine du vrai, et le possible est une des provinces du vrai. Elle est positivement apparentée avec l'infini.

    Sans elle, toutes les facultés, si solides ou si aiguisées qu'elles soient, sont comme si elles n'étaient pas, tandis que la faiblesse de quelques facultés secondaires, excitées par une imagination vigoureuse, est un malheur secondaire. Aucune ne peut se passer d'elle, et elle peut suppléer quelques-unes. Souvent ce que celles-ci cherchent et ne trouvent qu'après les essais successifs de plusieurs méthodes non adaptées à la nature des choses, fièrement et simplement elle le devine. Enfin elle joue un rôle puissant même dans la morale; car, permettez-moi d'aller jusque-là, qu'est-ce que la vertu sans imagination?

    • Imagination is the queen of truth, and possibility is one of the regions of truth. She is positively akin to infinity.

      Without her, all the faculties, sound and acute though they may be, seem nonexistent; whereas the weakness of some secondary faculties is a minor misfortune if stimulated by a vigorous imagination. None of them could do without her, and she is able to compensate for some of the others. Often what they look for, finding it only after a series of attempts by several methods not adapted to the nature of things, she intuits, proudly and simply. Lastly, she plays a role even in morality; for, allow me to go so far as to say, what is virtue without imagination?

      • "Lettres à M. le Directeur de La revue française," III: La reine des facultés

Les paradis artificiels (1860)

  • Hélas! les vices de l’homme, si pleins d’horreur qu’on les suppose, contiennent la preuve (quand ce ne serait que leur infinie expansion!) de son goût de l’infini.

  • L’homme qui, dès le commencement, a été longtemps baigné dans la molle atmosphère de la femme, dans l’odeur de ses mains, de son sein, de ses genoux, de sa chevelure, de ses vêtements souples et flottants,

    Dulce balneum suavibus
    Unguentatum odoribus,

    y a contracté une délicatesse d’épiderme et une distinction d’accent, une espèce d’androgynéité, sans lesquelles le génie le plus âpre et le plus viril reste, relativement à la perfection dans l’art, un être incomplet.

    • A man who from the beginning has long been soaked in the languid atmosphere of a woman, the scent of her hands, her bosom, her knees, her hair, her lithe and flowing clothes,

      Sweet bath, suavely
      Scented with ointments,

      has acquired a delicacy of skin, a refinement of tone, a kind of androgyny without which the toughest and most virile of geniuses remains, when it comes to artistic perfection, an incomplete being.


Le spleen de Paris (1862)

  • Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience?

    C'est surtout de la fréquentation des villes énormes, c'est du croisement de leurs innombrables rapports que naît cet idéal obsédant.

    • Which one of us has not dreamed, on ambitious days, of the miracle of a poetic prose: musical, without rhythm or rhyme; adaptable enough and discordant enough to conform to the lyrical movements of the soul, the waves of revery, the jolts of consciousness?

      Above all else, it is residence in the teeming cities, it is the crossroads of numberless relations that gives birth to this obsessional ideal.






  • On n'est jamais excusable d'être méchant, mais il y a quelque mérite à savoir qu'on l'est; et le plus irréparable des vices est de faire le mal par bêtise.
    • To be wicked is never excusable, but there is some merit in knowing that you are; the most irreparable of vices is to do evil from stupidity.
      • XXVIII: "La Fausse Monnaie"

  • L'âme est une chose si impalpable, si souvent inutile et quelquefois si gênante, que je n'éprouvai, quant à cette perte, qu'un peu moins d'émotion que si j'avais égaré, dans une promenade, ma carte de visite.

  • La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu'il n'existe pas.
    • The finest trick of the devil is to persuade you that he does not exist.
      • XXIX: "Le Joueur généreux"


Le peintre de la vie moderne (1863)

  • Le génie n'est que l'enfance retrouvée à volonté, l'enfance douée maintenant, pour s'exprimer, d'organes virils et de l'esprit analytique qui lui permet d'ordonner la somme de matériaux involontairement amassée.

  • L'observateur est un prince qui jouit partout de son incognito. L'amateur de la vie fait du monde sa famille, comme l'amateur du beau sexe compose sa famille de toutes les beautés trouvées, trouvables et introuvables; comme l'amateur de tableaux vit dans une société enchantée de rêves peints sur toile.
    • The observer is a prince who enjoys his incognito everywhere. The lover of life makes the world his family, just as the lover of the fair sex devises his family from all discovered, discoverable and undiscoverable beauties; as the lover of pictures lives in an enchanted society of painted dreams on canvas.
      • III: "L'artiste, homme du monde, homme des foules et enfant"

  • A coup sûr, cet homme, tel que je l'ai dépeint, ce solitaire doué d'une imagination active, toujours voyageant à travers le grand désert d'hommes, a un but plus élevé que celui d'un pur flâneur, un but plus général, autre que le plaisir fugitif de la circonstance. Il cherche ce quelque chose qu'on nous permettra d'appeler la modernité; car il ne se présente pas de meilleur mot pour exprimer l'idée en question. Il s'agit, pour lui, de dégager de la mode ce qu'elle peut contenir de poétique dans l'historique, de tirer l'éternel du transitoire.
    • Certainly this man, such as I have described him, this loner who is gifted with an active imagination, traversing forever the vast desert of men, has a loftier aim than that of a simple idler, an aim more general than the passing pleasure of circumstance. He is looking for what one might be allowed to call modernity; for no better word presents itself to express the idea in question. What concerns him is to release the poetry of fashion from its historical trappings, to draw the eternal out of the transient.

  • Le mal se fait sans effort, naturellement, par fatalité; le bien est toujours le produit d'un art.

Mon cœur mis à nu (1864)


  • La femme est naturelle, c'est-à-dire abominable.
    • A woman is natural: that is to say, abominable.

  • Être un homme utile m'a paru toujours quelque chose de bien hideux.
    • To be a serviceable man has always seemed to me something quite repulsive.

  • Il faut travailler, sinon par goût, au moins par désespoir, puisque, tout bien vérifié, travailler est moins ennuyeux que s'amuser.
    • It is necessary to work, if not from inclination, at least from despair. As it turns out, work is less boring than amusing oneself.

  • Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan.
    • There are in every man, at all times, two simultaneous tendencies, one toward God, the other toward Satan.

  • Il n'existe que trois êtres respectables : le prêtre, le guerrier, le poète. Savoir, tuer et créer.
    • There exist only three beings worthy of respect: the priest, the soldier, the poet. To know, to kill, to create.

  • Ne pouvant supprimer l'amour, l'Église a voulu au moins le désinfecter, et elle a fait le mariage.
    • Unable to do away with love, the Church found a way to decontaminate it by creating marriage.

  • J'ai toujours été étonné qu'on laissât les femmes entrer dans les églises. Quelle conversation peuvent-elles avoir avec Dieu?
    • I have always been astonished that women are allowed to enter churches. What talk can they have with God?

  • La femme ne sait pas séparer l'âme du corps.
    • Women do not know how to separate the soul from the body.

  • La jeune fille, ce qu'elle est en réalité.

    Une petite sotte et une petite salope; la plus grande imbécile unie à la plus grande dépravation.

    • This is what a girl really is.

      A little fool, a little slut; the greatest idiocy united with the greatest depravity.


  • Glorifier le culte des images (ma grande, mon unique, ma primitive passion).
    • To glorify the cult of images (my great, my only, my earliest passion).

  • C'est par le malentendu universel que tout le monde s'accorde.

    Car si, par malheur, on se comprenait, on ne pourrait jamais s'accorder.

    • It is by universal misunderstanding that we agree with each other.

      If, by some misfortune, we understood each other, we would never agree.


  • On ne peut oublier le temps qu'en s'en servant.
    • One can only forget about time by making use of it.

  • Faire son devoir tous les jours et se fier à Dieu, pour le lendemain.
    • To do one's duty every day and trust in God for tomorrow.

Fusées (1867)

  • Dieu est le seul être qui, pour régner, n'ait même pas besoin d'exister.

    Ce qui est créé par l’esprit est plus vivant que la matière.

    • God is the only being who need not even exist in order to reign.

      Whatever is created by the spirit is more alive than matter.


  • L’amour ressemblait fort à une torture ou à une opération chirurgicale.
    • The act of love strongly resembles torture or surgery.

  • Aimer les femmes intelligentes est un plaisir de pédéraste.
    • To love intelligent women is the pleasure of a pederast.


  • Ces beaux et grands navires, imperceptiblement balancés (dandinés) sur les eaux tranquilles, ces robustes navires, à l'air désœuvré et nostalgique, ne nous disent-ils pas dans une langue muette : Quand partons-nous pour le bonheur?
    • These tall and handsome ships, swaying imperceptibly on tranquil waters, these sturdy ships, with their inactive, nostalgic appearance, don’t they say to us in a speechless tongue: When do we cast off for happiness?

  • Je ne conçois guère (mon cerveau serait-il un miroir ensorcelé?) un type de Beauté où il n'y ait du Malheur. Appuyé sur — d'autres diraient: obsédé par — ces idées, on conçoit qu'il me serait difficile de en pas conclure que le plus parfait type de Beauté virile est Satan, — à la manière de Milton.
    • I can scarcely conceive (would my brain be a spellbound mirror?) a type of beauty without unhappiness. Supported by — others would say, obsessed by — these notions, one may conceive it would be difficult for me not to conclude that the most perfect type of masculine beauty is Satan, — as rendered by Milton.

  • Ce qu'il y a d'enivrant dans le mauvais goût, c'est le plaisir aristocratique de déplaire.
    • What is intoxicating about bad taste is the aristocratic pleasure of offensiveness.

L'art romantique (1869)

  • Le mot littérature de décadence implique qu'il y a une échelle de littératures, une vagissante, une puérile, une adolescente, etc. Ce terme, veux-je dire, suppose quelque chose de fatal et de providentiel, comme un décret inéluctable; et il est tout à fait injuste de nous reprocher d'accomplir la loi mystérieuse. Tout ce que je puis comprendre dans la parole académique, c'est qu'il est honteux d'obéir à cette loi avec plaisir, et que nous sommes coupables de nous réjouir dans notre destinée.
    • The phrase "a literature of decadence" implies a scale of literature: infancy, childhood, adolescence, etc. This term, I would say, supposes something fateful and providential, like an inescapable decree; and it is completely unjust to reproach us for the fulfillment of a law that is mysterious. All I can understand of this academic saying is that it is shameful to obey this law pleasurably, and that we are guilty of rejoicing in our destiny.


  • Un artiste n'est un artiste que grâce à son sens exquis du beau, — sens qui lui procure des jouissances enivrantes, mais qui en même temps implique, enferme un sens également exquis de toute difformité et de toute disproportion.

  • C'est à la fois par la poésie et à travers la poésie, par et à travers la musique, que l'âme entrevoit les splendeurs situées derrière le tombeau; et, quand un poème exquis amène les larmes au bord des yeux, ces larmes ne sont pas la preuve d'un excès de jouissance, elles sont bien plutôt le témoignage d'une mélancolie irritée, d'une postulation des nerfs, d'une nature exilée dans l'imparfait et qui voudrait s'emparer immédiatement, sur cette terre même, d'un paradis révélé.
    • It is at once by way of poetry and through poetry, as with music, that the soul glimpses splendors from beyond the tomb; and when an exquisite poem brings one’s eyes to the point of tears, those tears are not evidence of an excess of joy, they are witness far more to an exacerbated melancholy, a disposition of the nerves, a nature exiled among imperfect things, which would like to possess, without delay, a paradise revealed on this very same earth.
      • XI: "Notes nouvelles sur Edgar Poe III," IV

  • Il y a dans le mot, dans le verbe , quelque chose de sacré qui nous défend d'en faire un jeu de hasard. Manier savamment une langue, c'est pratiquer une espèce de sorcellerie évocatoire.



Misattributed

  • Dieu serait injuste si nous n'étions pas coupables.
    • God would be unjust if we were not guilty.
      • Blaise Pascal, Pensées: It is necessary that we were born guilty, or God would be unjust [Il faut que nous naissions coupables, ou Dieu serait injuste]. This is Pensée 431 in the Édition Gallimard, 1962. It is found in the section entitled "The Signs of True Religion" [Les Marques de la Vraie Religion]
      • English text, #489; French text, #205

About Charles Baudelaire


Thou sawest, in thine old singing season, brother,
Secrets and sorrows unbeheld of us:
Fierce loves, and lovely leaf-buds poisonous,
Bare to thy subtler eye, but for none other
Blowing by night in some unbreathed-in clime;
The hidden harvest of luxurious time,
Sin without shape, and pleasure without speech,
And where strange dreams in a tumultuous sleep
Makes the shut eyes of stricken spirits weep:
And with each face thou sawest the shadow on each,
Seeing as men sow men reap.
  • Algernon Charles Swinburne, "Ave Atque Value" (1871), stanza III, Fortnightly Review (January 1868; later published in Swinburne's Poems and Ballads, Second Series (1878)

  • Delacroix, Wagner, Baudelaire — all great theorists, bent on dominating other minds by sensuous means. Their one dream was to create the irresistible effect — to intoxicate, or overwhelm. They looked to analysis to provide them with the keyboard on which to play, with certainty, on man's emotions, and they sought in abstract meditation they key to sure and certain action upon their subject — man's nervous and psychic being.
    • Paul Valéry, "Autour de Corot" (About Corot), preface to Vingt Estampes de Corot (Éditions des Bibliothèques Nationales, 1932); printed in Degas Manet Morisot (Princeton University Press, 1989, ISBN 0-691-01882-0), p. 136

  • Baudelaire, to whom the sole pleasure in love was the knowledge of doing evil and who hoped to conquer solitude by inspiring universal horror and disgust.
    • W. H. Auden, "Tennyson," Introduction to A Selection from the Poems of Alfred, Lord Tennyson (New York, Doubleday, 1944); later printed in Forewords & Afterwords (Random House, 1974, ISBN 0-394-71887-9), p. 232

  • Being pre-eminently a moralist, he needed a medium that enabled him to illustrate a moral insight as briefly and vividly as possible. Being an artist and sensualist, he needed a medium that was epigrammatic or aphoristic, but allowed him scope for fantasy and for that element of suggestiveness which he considered essential to beauty.
    • Michael Hamburger, Introduction to his translation, Twenty Prose Poems by Charles Baudelaire (1946; rev. ed. 1988)

  • Baudelaire is the great symbol of l’art pour l’art (art for the sake of art): sickness as beauty. Baudelaire is thus Liberalism in literature, disease as a principle of Life, crisis as health, morbidity as soul-life, disintegration as purpose.
    • Francis Parker Yockey, Imperium (1948): "Liberalism," Part II, ISBN 0-911038-10-8, p. 217

  • Poe with a cross, that's what you are, adored of the gangster age.
    • Karl Shapiro, "Baudelaire in Iowa," from The Bourgeois Poet (1964); printed in The Wild Card: Selected Poems, Early & Late (University of Illinois Press, 1998, ISBN 0-252-06689-8), p. 148

  • The poet, says Baudelaire, is a decipherer, a Kabbalist of reality, a decoder. Ordinary life, if it is not a message in code, a system of symbols for something else, is unacceptable. It must be a cryptogram; it can't be what it seems. The poet's task is to decode the incomprehensible obvious. His life becomes a deliberately constructed paranoia, as Rimbaud, Breton, Artaud were to say generations later.

    As we read him, we discover that Baudelaire believes in the charm, the incantation, the cryptogram, but he ceases to believe in the secret. The spirits have not risen. The code says nothing. This is the mystery concealed by the disorder of the world. The visionary experience ends in itself; the light of the illuminated comes only from and falls only on himself.

    • Kenneth Rexroth, "Baudelaire: Poems," Classics Revisited (New Directions, 1968, ISBN 0-8112-0988-1), p. 175

  • The imagination eulogized by Baudelaire is in his own case more often than not a synonym for desire or despair. His critical exigencies are, like those of the profoundly sick man that he was, harsh and imperative and illusory in the sense of release temporarily obtained. Yet imagination is also the faculty that gives Baudelaire a royal sense of equality with other creative artists; he uses his status as a poet to boost his activities as a critic, claiming, with total justification in his case, that criticism is a creative affair, a fine rather than applied art.
    • Anita Brookner, "Baudelaire," from The Genius of the Future (Cornell University Press, 1971, ISBN 0-8014-9540-7), p. 70


 
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